Le Val-Ouest

Impact de l’excès d’eau en agriculture : aide urgente demandée

L’Union des producteurs agricoles (UPA), l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ), l’Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec (APFFQ), les Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ) et les Producteurs de légumes de transformation du Québec (PLTQ) dévoilent aujourd’hui les résultats d’un sondage sur l’impact de l’excès d’eau dans les champs québécois, au terme d’une saison agricole désastreuse pour des centaines de productrices et producteurs, plus particulièrement dans le secteur horticole. Ce sondage a été réalisé en collaboration avec les groupes affiliés, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et La Financière agricole du Québec.

« Les résultats du sondage confirment que les conséquences financières pour les entreprises sont sérieuses et préoccupantes, allant même jusqu’à compromettre l’avenir de plusieurs fermes. Plus que jamais et chiffres à l’appui, la situation exceptionnelle que connaissent les productrices et producteurs du Québec milite en faveur d’une aide tout aussi exceptionnelle, rapide, à la hauteur des besoins et à l’extérieur des programmes existants », a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.

 Rappelons que les organisations ont demandé en août dernier au gouvernement du Québec une aide urgente compte tenu de la fréquence et de l’intensité des anomalies météorologiques en cours de saison.

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Les programmes d’aide insuffisants

« Les ajustements subséquents au Programme d’assurance récolte se sont avérés en deçà des attentes exprimées. D’autant plus qu’un grand nombre de productrices et de producteurs refusent d’y adhérer, les programmes habituels de La Financière agricole du Québec (FADQ) n’étant pas conçus pour pallier les risques grandissants des changements climatiques », a continué la présidente de l’APMQ, Catherine Lefebvre.

« La création en août dernier d’un groupe de travail spécial (UPA-MAPAQ-FADQ), avec comme mandat de « dresser un portrait juste de la situation découlant des réalités de la météo, à la fois pour les producteurs assurés et non assurés », est une reconnaissance implicite de l’inefficacité des programmes lors d’évènements inhabituels et de la désaffection de plusieurs productrices et producteurs à leur égard », a complété le président de l’APFFQ, Michel Sauriol.

Résultat du sondage mené auprès des agriculteurs

Dans ce cadre, selon un sondage mené du 8 septembre au 10 octobre, les 250 répondants accusent une perte de production moyenne de 42 % sur 59 % de leurs superficies, entraînant une baisse de 32 % de leur chiffre d’affaires (environ 150M$ *). Par ailleurs :

  •  52 % des entreprises ne participent pas à l’assurance récolte (et ne peuvent donc bénéficier des ajustements annoncés jusqu’à maintenant);
  •  60 % indiquent avoir été affectées non seulement par l’excès d’eau, mais aussi par le gel, la grêle et autres
    dommages climatiques;
  • 51 % estiment que l’excès d’eau de cette année aura aussi un impact sur la saison 2024 et possiblement les
    suivantes (pourriture, maladie, plants cassés ou déracinés, etc.);
  •  76 % ont détecté des maladies fongiques dans leurs cultures;
  •  56 % (plus particulièrement dans les légumes frais et les pommes de terre) s’attendent à des pertes à l’entreposage plus élevées qu’à l’habitude;
  • 45 % anticipent un manque de liquidités pour terminer l’année en cours (60 % pour l’achat d’intrants en 2024).

« Ces résultats vont dans le sens d’une multitude de témoignages et de cris du cœur rapportés à maintes reprises ces derniers mois dans les médias locaux, régionaux et nationaux. Ils démontrent aussi à quel point les programmes de gestion des risques actuels ne permettent pas aux entreprises de faire face à des situations climatiques extrêmes », a indiqué le président des PPTQ, Francis Desrochers.

Une réforme des programmes demandée

Pour l’UPA et les organisations horticoles, il est nécessaire d’entreprendre rapidement la réforme de ces programmes afin d’éliminer leurs lacunes structurelles et de les rendre plus souples et mieux adaptés à la nouvelle réalité. Retarder davantage cette mise à niveau urgente, réclamée depuis plusieurs années par le milieu, entraînerait des conséquences importantes sur la rentabilité des entreprises et l’avenir alimentaire du Québec. À témoin (les participants pouvaient choisir plus d’une réponse) :

  • 51 % des entreprises augmenteront le recours à leur marge de crédit;
  • 37 % devront investir davantage pour diminuer l’impact des excès d’eau;
  • 26 % devront restructurer leur dette;
  • 26 % afficheront une hausse du solde des comptes fournisseurs;
  • 20 % diminueront la taille de leur entreprise;
  • 19 % devront changer de production (modification du plan de cultures);
  • 10 % prévoient adhérer à l’assurance récolte (en dépit de ses lacunes);
  • 10 % diversifieront davantage leurs productions;
  • 9 % arrêteront temporairement leurs activités;
  • 8 % prévoient vendre leur entreprise.

« Le ministre Eric Girard a confirmé que l’adaptation aux changements climatiques ferait partie des priorités de sa mise à jour économique, le 7 novembre prochain. Les productrices et producteurs agricoles affectés par les événements climatiques extrêmes, déjà grandement fragilisés par l’inflation et la flambée des taux d’intérêt, ont donc bon espoir d’obtenir le coup de pouce qu’ils réclament depuis des mois », a conclu le président des PLTQ, Pascal Forest.

Les résultats du sondage sont disponibles sur le site internet de L’UPA, sous l’onglet « Productions horticoles et météo désastreuse ».

* Ce montant est une évaluation selon le nombre de répondants. Toutefois, il est possible d’estimer que le chiffre réel
est plus élevé.

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