Le Val-Ouest

Je veux entendre le bruit des gens qui parlent

Vous avez sûrement entendu parler dans les dernières années que l’isolement chez les aînés est un fléau. Que l’isolement tue autant que la cigarette. Que l’isolement peut provoquer l’anxiété, l’hypertension, des décès précoces, etc. Bref, il y a toute une littérature sur le sujet que vous connaissez peut-être déjà. Personnellement, avant de travailler comme ITMAV, j’avais une idée très vague et bancale de ce qui en était précisément.

Depuis cinq ans comme travailleur ITMAV, je rencontre régulièrement des 50 ans et + qui en souffrent. Et plus je rencontre de gens qui souffrent d’isolement, plus je comprends la complexité du problème. Même si je comprends davantage le problème, ça ne veut pas du tout dire que j’ai des solutions.

Ici, dans le Val-Saint-François, plusieurs Tables de concertation, professionnels de la santé et groupes de toutes sortes se sont penchés sur le sujet pour initier des projets qui ont pour but de briser l’isolement. Différents projets sont nés. Je n’ai qu’à penser au Clic-Café, le Café Réseau, le Café des rêves ou les P’tits bonheurs par exemple. Il y en a d’autres que j’oublie.

Ces initiatives permettent à plusieurs personnes de se retrouver ensemble, discuter, rire, échanger, etc. C’est vraiment bien. Cependant, il y a toute une frange de gens isolés qui est trop souvent impossible d’aller « chercher ». Les plus isolés de notre société, ceux et celles qu’on ne voie jamais. Ce sont souvent ces derniers qui font appel aux ITMAV.

Dans les dernières semaines, j’ai rencontré une personne souffrant tellement d’isolement qui m’a mentionné que son rêve était d’aller au restaurant, pas tant pour le repas, mais surtout pour entendre le bruit des gens qui parlent. Entendre le bruit des gens qui parlent. Pas entendre la télé en bruit de fond là, entendre du monde qui parle en vrai ! Ça fesse, hein ?

J’en suis à ma 5e année en tant qu’ITMAV et c’est la phrase qui m’a le plus touché et surtout, soulevé des tas de questions.

Comment une personne avec une santé financière de base capable de se payer un repas au resto ici et là peut-elle en arriver à ce que son rêve soit d’aller au restaurant pour entendre le monde parler? On n’y pense pas, mais pour aller rencontrer du monde, ça prend du transport, la force de se doucher, se vêtir avec du linge propre, ne pas être trop gêné, foncer, aller au-devant, être alerte, maintenir une conversation, développer des liens, avoir à nouveau un transport pour revenir chez soi, etc.

Si on n’est pas capable de répondre à tous ces critères, eh bien, oui, aller au restaurant peut devenir un rêve.

Donc, je suis allé au restaurant avec cette personne. À deux reprises. Elle fut évidemment contente et reconnaissante. Mais ça demeure anecdotique. Un échantillon très petit. Il y en a combien d’autres dans le Val-Saint-François et au Québec qui vivent l’isolement, et que l’on ne voit pas ? Hormis envoyer paître le capitalisme et la société individualiste, avez-vous des pistes de solution pour enrayer ce fléau ? Moi, je ne sais pas du tout par où il faudrait commencer.

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