Le Val-Ouest

Trois cours d’eau du Val envahis par des poissons rouges

Trois cours d’eau du Val-Saint-François sont envahis par des poissons rouges (Carassius auratus). Ceux-là même qu’on retrouve dans les aquariums domestiques. Des introductions intentionnelles qui ont de fâcheuses conséquences pour l’environnement.

Les plans d’eau touchés sont : l’étang sur le chemin Lay (Canton de Melbourne), le lac Stoke (Stoke) et le Petit lac Saint-François, aussi appelé Tomcod (Saint-François-Xavier-de Brompton).

De l’aquarium au cours d’eau

«Dans la vaste majorité des cas, ce sont des gens qui ont ces poissons chez eux. Et à un moment, ils n’en veulent plus. Mais ils ne veulent pas les tuer. Alors ils les mettent dans une rivière ou dans un lac»,

explique David O’Connor, biologiste au Conseil régional de l’environnement de l’Estrie.

Il y a aussi des introductions accidentelles. « Quelqu’un a mis des poissons rouges dans son étang privé et il survient une forte pluie. Ce qui déverse les poissons dans un plan d’eau naturel à proximité », indique David O’Connor.

Un poisson très résistant

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette espèce s’adapte très bien aux hivers rigoureux du Québec. Pouvant atteindre une taille de 18 à 25 centimètres. Voire même plus de 40 centimètres.

Le poisson rouge est même capable, selon le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, « de vivre sur des périodes prolongées sans oxygène et dans des zones polluées. »

Différent dans la nature

Dans la nature, ce poisson peut perdre certaines de ses caractéristiques présentes lorsqu’il est dans un aquarium. « Ils vont perdre leur coloration quand même assez vite. En milieu naturel, ils peuvent aussi perdre leurs joues ou leurs yeux gonflés. Ça devient alors comme une carpe », révèle David O’Connor.

Dans la nature, les poissons rouges peuvent rapidement se reproduire et nuire aux espèces indigènes.  (photo : Conseil régional de l’environnement de l’Estrie)

Dommages aux milieux naturels

Quel dommage peut-il causer lorsqu’il se retrouve dans la nature? Comme toutes les espèces exotiques envahissantes, le poisson rouge n’a pas de prédateurs au Québec. Ce poisson d’origine asiatique peut alors se reproduire de façon exponentielle. À chaque 8 à 10 jours, la femelle pond des milliers œufs qui vont éclore une semaine plus tard. Dans toute la saison de reproduction, elle aura pondu de trois à dix fois.

Le poisson rouge s’accapare la nourriture des poissons indigènes. Il mange de tout : algues, larves d’insectes, petits poissons, œufs de poissons, zooplancton, phytoplancton et détritus. Dans de petits cours d’eau, cette compétition pourrait mener à la disparition d’espèces comme le triton vert (Notophthalmus viridescens).

Le triton vert (ici dans sa phase juvénile nommée «elfe rouge») pourrait être menacé par la présence du poisson rouge. Photo prise près d’un ruisseau à Maricourt, en Estrie.  (crédit photo : Sébastien Michon ©)

L’autre problème causé par le poisson rouge est son impact sur l’eau. « C’est une espèce qui mange beaucoup et qui dérange beaucoup le fond de l’eau. Sa façon de manger et ses excréments changent la physico-chimie de l’eau. Ça augmente la turbidité et empêche la croissance des plantes. Ça pourrait aussi affecter les invertébrés », expose David O’Connor.

Comestibilité

Bien que le poisson rouge soit théoriquement comestible, il n’intéresse pas les pêcheurs. Il s’agit d’un poisson qui, comme la carpe, mange les débris au fond de l’eau. Ce qui affecte le goût de sa chair.

Les aventures de Bernard le poisson rouge

Le ministère de la Faune se sert d’ailleurs du poisson rouge comme exemple pour sensibiliser les jeunes à la problématique des espèces exotiques envahissantes. Il a publié une page d’information pédagogique où l’on met en vedette les «Aventures de Bernard le poisson rouge».

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs utilise le poisson rouge pour sensibiliser les jeunes aux espèces exotiques envahissantes. Il a publié une page web qui contient des informations et des outils pédagogiques, comme cette bande dessinée.  (crédit : MFFP)

Signalement au ministère

Rappelons qu’au Québec, les espèces envahissantes doivent être signalées au ministère. La marche à suivre se trouve sur son site.

 

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