Le Val-Ouest

Avec deux ukulélés, on va se parler

Bonjour, je m’appelle Sébastien Champagne et je suis intervenant ITMAV dans le Val-Saint-François pour les 50 ans et +, qui vivent une situation de vulnérabilité à divers degrés. Les gens qui entrent en contact avec moi veulent régler un problème ou soit répondre à un questionnement d’ordre personnel. Que ce soit pour de l’aide à la paperasse, soulager la faim, briser l’isolement, besoin d’être entendu ou autre, je dois référer aux bonnes ressources de la région.

Avertissement: les faits, chiffres, lieux et noms ont été altérés dans le but de maintenir la confidentialité.

Généralement, les demandes que les aîné.es me font se ressemblent. Ils ont besoin de prendre un rendez-vous santé via internet, d’imprimer un formulaire gouvernemental, ou que je les guide vers les services de dépannage alimentaire ou la Popote roulante. De plus, certaines personnes aînées peuvent avoir des questionnements ou des problèmes qui sont multiples, et pour lesquels on doit prendre son temps et gravir la montagne un pas à la fois. Ce type de situation nécessite une écoute additionnelle de ma part et d’utiliser tout le temps qu’il se doit. C’est dans ces circonstances que j’ai récemment eu l’idée d’acheter deux ukulélés. Un que je prête à l’aîné.e et l’autre est pour moi. L’art guérirait-il l’âme ? Je suis de ceux qui croient que oui. Explications.

Dans la dernière année, j’ai reçu l’appel d’un couple de jeunes octogénaires de Bonsecours qui avaient entendu parler de mes services via le journal local. L’homme est proche aidant de sa femme. Plus précisément, il est proche aidant d’elle dans la mesure où elle nécessite davantage de soins que lui. En réalité, l’homme aussi a besoin de soins divers et nécessiterait cruellement de la proche aidance à son tour.

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Leur quotidien se résume essentiellement à prendre des médicaments aux heures indiquées sur leurs piluliers respectifs, s’occuper de la prise de rendez-vous médicaux à venir, remplir de la paperasse gouvernementale, démêler les piles de formulaires et enveloppes décachetées ou non, essayer de comprendre le site web Clic-Santé, chercher leur stylo BIC qui se perd dans le capharnaüm, écouter The Price is Right en sourdine et aussi… attendre et espérer. Attendre et espérer un retour d’appel d’un médecin, attendre et espérer que les Services sociaux entendent leurs besoins, attendre et espérer que le député vienne les sauver tel un Superman, etc.

Comment aider ce couple, d’anciens professionnels, ultra sympathiques, soucieux de leur prochain et amoureux de l’art à se délester de cette lourdeur, à retrouver un peu de légèreté dans leur vie ?

Lorsque je suis entré pour la première fois dans leur chaleureuse demeure, quelque chose m’a frappé. On pouvait immédiatement remarquer un piano désaccordé dans le coin du salon, une guitare à deux cordes et un chevalet affichant une toile inachevée. C’est à ce moment précis que j’ai eu l’idée de rencontrer les aînés via l’art et la musique. Ce n’est pas vrai que c’est parce que nous avons une montagne de problèmes devant nous, que nous devenions, soi-même, le problème. C’est toujours bien de se rappeler que nous sommes autre chose qu’un problème. Une phrase intéressante à se dire lorsque nous sommes submergés par du négatif : « Quand ça allait mieux dans ma vie, qui étais-je ? »

Deux ukulélés comme tampons de stress

C’est à ma deuxième visite que j’ai apporté mes deux ukulélés chez ce couple. Entre deux accords et quelques tentatives de grattages rythmiques plus ou moins fructueuses, nous nous sommes parlé. Nous nous sommes entendus et écoutés. Nous nous sommes compris et appréciés. Les ukulélés agissaient en véritable tampon de stress. Je ne formerai pas de futur musicien professionnel de cet instrument.

Cependant, cet instrument enjolive le quotidien. Impossible d’y plaquer un accord ou une note triste. Le ukulélé est une véritable pause de cette pile de papier, une pause du pilulier de médicaments, une pause du crayon BIC que l’on cherche constamment. Ça prendra le temps que ça prendra. Je ne travaille pas à regarder ma montre et attendre que la cloche sonne. Le ukulélé, c’est fait pour être joué sur une plage hawaïenne avec un soleil orange, au son des vagues. On ne commencera pas à stresser avec quoi que ce soit. Calme, tranquillité, douceur.

J’ai rencontré ce couple à six reprises au cours de la dernière année pour différentes demandes de leur part. Un lien de confiance a été tranquillement tissé entre nous. Je continue d’offrir mon soutien, effectuer des références diverses vers des organismes ou bénévoles de la région et tenter du mieux que je peux d’ouvrir le chemin pour eux. Nous ne jouons pas du ukulélé à chaque fois que l’on se voit, mais cet instrument n’est jamais tellement loin de notre mémoire.

Comme l’adage si bien connu que j’invente au moment d’écrire ces lignes : « Dans la vie, quand le ukulélé est partagé, tout peut changer » 😁

Contactez-moi au 450-532-2255 poste 3

« Avec la participation financière du gouvernement du Québec dans le cadre du programme initiative de travail de milieu auprès des aînés en situation de vulnérabilité »

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