La directrice générale de la MRC du Val-Saint-François, Geneviève Giasson, vient de quitter son poste. Elle laisse la place à un nouveau directeur qui entrera en poste le 26 mai prochain. Après trois ans à la tête de l’organisation, quel bilan laisse-t-elle derrière elle?
Réorganisation de la structure financière
À son arrivée en poste dans le Val, en janvier 2022, Geneviève Giasson faisait face à d’importants défis. Dans les trois années qui ont précédé, trois personnes se sont succédé à la direction générale, dont certains de façon intérimaire.
«La MRC avait besoin d’un peu d’amour quand je suis arrivée. Entre autres au niveau financier. Nous avions des retards dans la production des états et des audits financiers. Ce sont des obligations importantes.»
Ce chantier, bien qu’il n’ait pas eu de visibilité auprès du public, a eu un impact important pour l’organisation, explique le préfet, Pierre Tétrault. «Geneviève Giasson et son équipe ont réorganisé la structure financière. Ça a été un très gros morceau. Depuis quelques années, nous votions des budgets sans réellement savoir si nous avions un surplus ou un déficit.»

Climat de travail «vraiment exceptionnel»
Geneviève Giasson croit que ce qui a permis au personnel de garder le cap, malgré ces changements à la direction, est son professionnalisme.
«L’équipe de la MRC est très expérimentée et travaille bien ensemble. J’ai été dans quelques contextes organisationnels au cours de ma carrière, et je peux témoigner que le climat d’équipe est vraiment exceptionnel. L’équipe connait bien les dossiers et le territoire. Le niveau d’expertise est élevé. Mais le fonctionnement administratif peut vivre des défis lorsque le leadership change.»
Démarche de planification stratégique
L’autre important dossier est la démarche de planification stratégique en vue de doter la MRC d’une vision de développement du territoire. Dans laquelle les différents acteurs de la société civile et politique ont été interpellés à un moment ou un autre du processus.
«C’est important, comme organisation publique, de ne pas travailler en vase clos. Nous sommes au service de plus large que nous. Cette démarche d’écoute nous a permis de nous ancrer dans les besoins et les aspirations de la communauté du Val-Saint-François. Pour se donner des orientations ancrées dans la collectivité.»
Geneviève Giasson relate que l’exercice a été pour son équipe et elle très stimulant. «Des gens m’ont dit que ça faisait 12 ans qu’ils ne s’étaient pas réunis comme ça.»
Automne 2024 tendu
Les derniers mois n’ont pas toujours été de tout repos. On se rappellera qu’en octobre, six municipalités avaient présenté une résolution demandant qu’un «gel administratif» soit appliqué sur tout nouveau projet et service de la MRC. Ainsi qu’un gel des quotes-parts, c’est-à-dire des sommes qui sont versées par les municipalités à la MRC.
Comme ces six municipalités représentaient une majorité, cette proposition n’a pu être rejetée que par l’utilisation exceptionnelle du droit de veto du préfet.
L’ex-directrice ne souhaite pas entrer dans ces débats, qui appartiennent aux élus. Mais reconnait que ce fut une période difficile pour son équipe.

Rôle complémentaire à celui des élus
Geneviève Giasson voit son rôle et celui de son équipe comme complémentaire à celui des élus.
«J’ai travaillé dans le milieu municipal à deux périodes de ma vie différentes. À la MRC, notre rôle est de vulgariser et de synthétiser de l’information. Nous apportons aux élus des éclairages, des analyses et de l’expertise. De sorte que ça leur permet de prendre des décisions. Cela nécessite un dialogue constant. Et une fois que la décision est prise, nous la mettons en œuvre de la meilleure façon possible.»
Une posture que Pierre Tétrault dit avoir apprécié. «Geneviève Giasson est quelqu’un de calme et posé. Qui a toujours cherché à accommoder tout le monde. Elle trouvait les bonnes informations lorsque je voulais poser certains gestes. Je pouvais discuter et échanger avec elle pour trouver des solutions. Sa présence m’a vraiment aidé à naviguer à travers certains dossiers. Je me sentais rassuré.»
Prendre soin de son équipe
L’ex-directrice mentionne l’importance pour elle de prendre soin de son personnel.
«Comme directrice générale, je suis le capitaine d’une équipe. Je leur ramène de l’information et leur permet d’absorber les demandes et les changements C’est un rôle complexe. Qui, en même temps, permet que les choses fonctionnent bien. Nous pouvons, ensemble, mener des dossiers importants. Qui ont un impact sur toute une communauté.»
Elle ajoute : «C’est pour ça que j’aime beaucoup le domaine public, et en particulier le domaine municipal. Parce que ça a un impact sur la qualité de vie des gens.»
En trois ans, plusieurs dossiers majeurs
Ces trois années à la tête de la MRC ont permis le déploiement de plusieurs dossiers majeurs. On n’a qu’à penser au Plan de développement de la zone agricole (PDZA), au Plan régional des milieux humides et hydriques ou encore au règlement pour l’identification des territoires incompatibles aux activités minières.
Ce fut la période pendant laquelle la MRC a fait connaître sa position vis-à-vis de l’agrandissement du parc national du Mont-Orford.
Parmi les réalisations dont Geneviève Giasson se dit très fière, elle mentionne la démarche sur les énergies renouvelables. Qui permettra la publication, à l’automne 2025, d’un guide qui encadrera la mise en œuvre de projets d’énergie dans la région. Une démarche inspirée, entre autres, par ce qui s’est fait en France.
Réorganisation du transport collectif et adapté
La réorganisation du transport collectif et adapté, mené par Trans-Appel avec la collaboration de la MRC, est un autre dossier qui lui a tenu à cœur.
«La mobilité fait partie de la vitalité d’un territoire. Il faut que les gens puissent se déplacer en fonction de leurs besoins. Des mouvements de mobilité vers le travail, l’école ou les services dont on a besoin dans notre vie quotidienne. L’avenir des petites communautés, c’est aussi de pouvoir faire en sorte que les gens puissent se déplacer. Pour un avenir durable, il faut qu’il y ait des alternatives à la voiture solo.»
Elle a d’ailleurs de bons mots pour celui qui est directeur général de Trans-Appel. «Denis Verreault est non seulement un bon gestionnaire d’un système de transport. Mais c’est aussi un visionnaire. Capable d’articuler cette vision. J’ai beaucoup apprécié travailler avec lui.»
Protection de l’environnement, au cœur de l’identité du Val
En trame de fond de plusieurs des actions posées par la MRC, on retrouve un souci environnemental.
«L’environnement et la protection du territoire sont des éléments d’attachement et d’identité dans le Val-Saint-François. C’est ressorti de la démarche d’orientation territoriale. J’ai senti que c’était une valeur importante pour les gens. Nous avons d’ailleurs dans la région un groupe de citoyens très actif : Vers un Val vert. Qui interpelle la MRC sur ces éléments-là.»
Geneviève Giasson confie, que le futur schéma d’aménagement, actuellement en révision, devrait tenir compte de ces préoccupations environnementales. «On peut se développer, tout en protégeant l’environnement et en tenant compte de notre écosystème. Il n’est pas possible de tout protéger. Mais nous pouvons nous développer de manière équilibrée.»
Elle souligne aussi que grâce à des mouvements citoyens, comme Opération Verre-Vert, ou de l’impulsion de certains élus, le Val a pu être précurseur de la récupération de certaines matières. «C’est un élément de fierté important», mentionne-t-elle.
Selon elle, un organisme public comme la MRC doit être en phase avec la communauté qu’elle dessert.
«Si nous étions parti dans une autre direction par rapport à ce que les gens veulent, nous n’aurions pas bien fait notre travail.»
«Je voulais boucler des boucles»
Geneviève Giasson ne souhaite pas révéler les raisons de son départ. Mentionnant qu’il s’agit d’un ensemble de facteurs, dont certains ont un lien avec sa vie personnelle.
De même, elle n’a pas voulu mentionner publiquement qui serait son prochain employeur. Parce que le milieu de travail qui l’accueille, toujours dans le milieu municipal, n’avait pas encore annoncé son arrivée en tant que gestionnaire.
Elle se dit toutefois satisfaite de la façon dont les choses se sont passées. Elle a annoncé son départ en janvier, pour quitter en mai. «J’aurais pu simplement chercher un emploi et partir. Mais il y aurait eu des impacts. Je voulais boucler des boucles.»
Ce qu’elle a fait. Sa toute dernière tâche a été d’animer, le samedi 3 mai dernier à Richmond, la séance d’information publique sur les énergies renouvelables.

«Je suis vraiment tombé en amour avec le Val»
Elle confie quitter avec la satisfaction du devoir accompli.
«Ces trois dernières années, je suis vraiment tombé en amour avec le Val-Saint-François. J’ai trouvé très signifiant d’occuper le rôle à la direction générale. Mon équipe et moi avons travaillé sur de gros dossiers complexes. Qui sont souvent reliés au gouvernement. Il faut parfois attendre des mois pour recevoir des réponses. C’est donc très lent. Malgré cette complexité, on a abattu beaucoup de travail. Trois ans, c’est court. Mais je suis quand même contente de ce que nous avons réussi à faire. De belles choses ont bougé. Et ce n’est surtout pas fini. Ça me rend fière de mon équipe. J’espère que tout ça va continuer.»
Quel legs laisse-t-elle au Val-Saint-François? Pierre Tétrault répond d’emblée une meilleure structure. «Ses actions et celles de son équipe ont permis d’établir des visions pour la MRC, avec l’approbation du conseil. Elle y a mis beaucoup d’énergie. Pour une majorité des membres du conseil, elle a fait de l’excellent travail. Ç’a été une très bonne directrice et je lui lève mon chapeau.»
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1 commentaire
Colombe Landry
Merci pour cet article qui permet de faire le tour du travail accompli par Madame Geneviève Giasson. Très complet.