Le Val-Ouest

Hymne à ma grand-mère, une écolo avant l’heure

Les années se suivent et ne ressemblent pas toujours. L’année 2023 a été marquée pas de grands drames notamment à l’échelle internationale. Et puis, pour tout et chacun se sont de relativement petits drames personnels qui se sont parfois déroulés. Le décès de ma grand-mère à l’âge de 94 ans en fut un pour moi.

Ma grand-mère, c’était une écolo avant l’heure qui n’a jamais eu d’auto et pour qui la simplicité volontaire n’était pas une manière de bien paraître sur les réseaux sociaux … mais plutôt une obligation qui est devenue un mode de vie. De la récupération de l’eau de pluie à l’utilisation des sacs réutilisables et j’en passe (rien ne se créé, rien de se perd, tout se transforme…), elle nous rappelle aujourd’hui que nous n’avons pas tant à inventer de nouvelles pratiques face à la crise écologique, mais plutôt à reprendre celles des anciens.

Mais, ma grand-mère, c’est aussi celle qui rappelle le vrai sens du mot labeur : un travail pénible et prolongé.

Mémé Georgette, comme on l’appelait, est une héroïne de son époque :

  • Une enfant qui a grandi en subissant les séquelles ramenées par son père de la Première Guerre mondiale et qui a vécu sous l’occupation de la Deuxième Guerre;
  • Une femme sans éducation avancée qui faisait pas mal moins de fautes d’orthographe que ma sœur et moi réunis ;
  • Une mère monoparentale avant que ce type de situation ne soit malheureusement si connue et répandue;
  • Une ouvrière qui a donné pas mal de son temps à l’usine (j’ose croire que mon engagement syndical d’aujourd’hui n’y est pas étranger), 32 ans chez Citroën aimait-elle rappeler;
  • Une grand-mère qui nous a gardés tous les mercredis quand elle n’allait pas voir sa mère à la maison de retraite, qui nous a aidés dans tous les moments de notre vie et qui aimait voir nos enfants et chanter « la capucine ».

Cette femme résiliente et écolo avant l’heure n’avait pas fini de nous surprendre. Ayant réussi à devenir propriétaire d’un petit immeuble, c’est elle qui nous a logés lors de notre départ de la maison et de nos premières années d’université. À l’odeur de ses délicieuses crêpes qu’elle faisait lorsqu’elle venait nous garder, c’est alors ajouter celle des incomparables bons gâteaux que l’on retrouvait sur la table du petit logement sous son toit à notre retour du campus.

Elle qui a su traverser toutes les épreuves que la vie a mise sur son chemin sans jamais se plaindre. C’est tout sourire qu’elle parlait des activités, notamment musicales, de son club de l’âge d’or et, rendue à la maison de retraire, les aides-soignantes qui ont appris à leur tour à l’apprécier n’en revenaient pas lorsqu’elle leur parlait avec son franc-parler : « Faut ben que ça aille », comme elle disait.

Il n’y a pas eu grand monde à ton enterrement pour te dire un dernier au revoir, mon absence m’a fendu d’ailleurs le cœur ici de l’autre côté de l’Atlantique, mais sache que les personnes qui t’ont côtoyé t’ont aimé et gardé de toi l’odeur de la vie et de l’amour.

Pierre, ton petit fils

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