Le Val-Ouest

« Je crois être devenue un meilleur être humain »

« Je crois être devenue un meilleur être humain ». C’est en ces termes que Maureen Vachon résume son périple hors du commun. Cette femme, atteinte d’un cancer, a décidé de tout quitter pour marcher entre Montréal et le « Bout du monde » (Gaspésie). Elle est maintenant sur le chemin du retour. Une odyssée d’environ 2200 kilomètres pour amasser des fonds pour la Maison de soins palliatifs St-Raphaël.

La première à réussir l’aller-retour du Chemin du Québec

Maureen Vachon était récemment de passage dans le Val-Saint-François. Lorsqu’elle atteindra Montréal, elle deviendra la première personne à avoir parcouru le Chemin du Québec aller-retour. « Effectivement, une marche comme celle-là, ce n’est pas banal », résume-t-elle en souriant.

Plus en forme… malgré l’expansion de la tumeur

À première vue, la marcheuse semble plus en forme que lors de son premier passage en Estrie, début mai. « J’ai pris de la masse musculaire. Je mange bien et suis moins maigre que j’étais », mentionne-t-elle. Son cancer est toutefois toujours bien présent. Des ennuis de santé se sont d’ailleurs présentés alors qu’elle était de passage à Rivière-du-Loup. La tumeur avait pris de l’expansion. Malgré les craintes du médecin, elle a décidé de poursuivre sa marche. « Ça ne me disait rien d’arrêter. Ça ne donne rien de «focuser» sur le négatif. À force de marcher et de porter mon attention sur autre chose, j’ai fini par oublier la douleur », confie-t-elle.

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La richesse des contacts humains

De cette expédition à travers le Québec, elle retient d’abord la richesse des contacts avec les personnes. « J’ai vu les gens tels qu’ils sont. En Gaspésie, j’ai été témoin de la générosité, du soutien, de la bonté et de la bienveillance du monde. Je trouve ça malheureux que ce ne soit plus comme ça dans les grandes villes. »

De cette expédition à travers le Québec, Maureen Vachon retient d’abord la richesse des contacts avec les personnes. Ici à l’Anse au Griffon, en Gaspésie. (photo : page Facebook de Maureen Vachon)

« S’émerveiller des moindres petites choses »

Une autre des « perles » de son voyage est le ressourcement que celui-ci lui a apporté. « Je me suis connectée à moi, tout simplement. De m’émerveiller des moindres petites choses, comme une enfant. Je prends aussi les journées telles qu’elles sont. Par exemple, s’il n’avait pas autant plu hier, il n’y aurait pas telle belle chose ce matin. »

Un pas après l’autre, sa philosophie est de goûter pleinement chaque instant. « On se dit souvent : « je le ferai la semaine prochaine ». Pourquoi ne pas le faire maintenant, tout de suite? On ne sait jamais quand le temps va arrêter. Prendre mon temps, j’y tiens maintenant au plus profond de mon cœur.»

Sur le bord du fleuve Saint-Laurent. (photo : page Facebook de Maureen Vachon)

Presque rendue à destination

Bien qu’elle ait eu en tête, dès le départ, de faire l’aller-retour, elle avoue avoir douté en chemin. « On n’a pas eu un été très ensoleillé. Certaines journées de pluie, je doutais davantage. Parfois, une marche de 15 kilomètres en montant des côtes était aussi longue qu’une journée de 25 km sur le plat. De même, lorsque je suis arrivé en Gaspésie, je me suis demandé si j’allais être capable de continuer. Mais après une journée de congé, j’ai décidé de repartir. Et là, je suis presque arrivée à destination. Je n’en reviens pas! »

Comment perçoit-elle son retour à Montréal? « J’ai hâte d’arriver pour voir mes amis et ma famille. Mais pas pour la ville. Je ne vois plus Montréal comme je la voyais avant. La vie y est trop rapide. Il y a trop de monde. Pas assez de collaboration. Même lorsque je suis passée à Québec, j’ai trouvé ça trop gros.»

Pour la suite, Maureen fait le rêve de peut-être aller vivre en Gaspésie. Elle projette aussi d’écrire un livre pour partager ce qu’elle a vécu pendant son trajet.

« Pas besoin de luxe pour être bien »

Son regard sur sa vie et la société se sont transformés au fil de la route. « Si j’avais la possibilité de parler à l’ « ancienne » Maureen, je lui parlerais fort pour qu’elle comprenne. Je lui dirais : réveille-toi! Fais autre chose de ta vie! Tu vois bien que ce n’est pas ça qui va t’amener au bonheur ».

Selon elle, le travail effréné pour toujours accumuler davantage est un piège. « Si ton objectif, c’est d’avoir une grosse maison, ça se peut que tu travailles comme un fou et que tu te rendes malade. On se crée trop de besoins… qu’on n’a pas besoin! Pas besoin de luxe pour être bien. L’argent que j’avais avant n’a pas fait mon bonheur pour autant. Aujourd’hui, je n’en ai presque pas. Et je n’ai jamais trouvé la vie aussi belle que ça! Ce n’est pas en courant toujours après tout qu’on réussit sa vie », lance-t-elle.

Pendant son parcours, Maureen Vachon a été témoin de la générosité des gens. En juillet, Rémi Bourdages, gérant-partenaire du Sports Experts à Matane, lui remettait gracieusement une paire de souliers. (photo : page Facebook de Maureen Vachon)

« C’est la plus belle claque que j’ai eue dans ma vie »

Est-ce que ça prend du courage pour « décrocher » et « changer de cap » comme elle l’a fait aussi drastiquement? « Ce n’est pas tant du courage qu’une question de volonté. Une volonté à vouloir être heureux et être bien. » Elle ajoute : « C’est triste, mais des fois ça prend une claque. Dans mon cas, le cancer, c’est la plus belle claque que j’ai eue dans ma vie. Ne pas avoir eu ça, je ferais encore ce que je faisais avant et je serais en train de courir. Maintenant, je ne retournerais pas en arrière. Pour rien au monde. »

« Je vais partir en paix avec moi-même »

Quel est son rapport avec la mort? « Ça ne m’inquiète pas. C’est sûr que de l’autre côté, il y a un autre rivage. La mort arrivera quand elle arrivera. Présentement, j’ai du beau temps et du bon temps. La mort fait partie de la vie. Toute personne vient au monde et finit par décéder. Je vais partir tranquille, en paix avec moi-même », confie-t-elle.

Maureen Vachon au début septembre, sur les chemins bucoliques du Val-Saint-François. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

INFORMATION DE DERNIÈRE HEURE : Au moment de publier cet article, Maureen Vachon a annoncé qu’elle devait interrompre sa marche et retourner d’urgence à Montréal pour des raisons familiales. Elle a indiqué qu’elle poursuivra son parcours dans les rues de Montréal. D’une distance équivalente au chemin qu’il lui restait à parcourir.

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