Sur la principale artère de la Ville de Valcourt, on retrouve une maison unifamiliale semblable à toutes les autres. Rien ne laisse présager que se cache derrière cette devanture l’entreprise Events Work. Un studio consacré au dessin industriel et à la modélisation 3D, destinés aux secteurs industriel, culturel et événementiel.
Même si l’entreprise fête cette année son dixième anniversaire, elle est peu connue du grand public.
«Le marketing, ce n’est pas notre force. On ne vend rien à la pièce. Nous avons plutôt de gros contrats avec différents clients», répond Paul Purcell, chef de la direction et directeur des opérations chez Events Work.
Parmi cette clientèle, on compte BRP, Desjardins, Loto-Québec, la Ville de Sherbrooke, la Fête du Lac des Nations, Québec Solidaire ou NAD Klimat. Pour ne nommer que ceux-là. Le point commun à tous ces contrats : le dessin industriel.
En constante progression depuis 2016
Tout a commencé il y a plus d’une trentaine d’années. Avec en poche son diplôme en architecture du Cégep de Chicoutimi, Paul Purcell travaille quelques années dans le secteur événementiel.
«J’ai toujours réalisé des concepts pour des événements. Comme par exemple des structures. Ce qui fait que j’utilisais mes compétences en dessin, tout en faisant aussi de la direction technique.»
Il y a 25 ans, il obtient un premier contrat de BRP (à l’époque Bombardier) pour la réalisation de catalogues de pièces.
Les affaires évoluent tellement bien qu’en 2016, ce travailleur autonome n’a d’autres choix que de mettre sur pied Events Work. Il embauche alors ses premiers collaborateurs et collaboratrices. Ceux-ci occupent une résidence de Valcourt que l’entrepreneur a transformée en lieu de travail.
L’entreprise continue de prendre de l’expansion, obligeant l’aménagement du garage de deux étages en espaces de bureau et en studio d’enregistrement. De même, Events Work décide d’installer ses pénates dans une seconde place d’affaires, celle-là à Sherbrooke.

«C’est la passion qui mène tout le monde ici»
L’augmentation du nombre d’employés suit cette courbe d’évolution. Cet été 2025, Events Work devrait compter 19 employés, dont des stagiaires de l’Université de Sherbrooke.
Du personnel principalement en provenance de la région immédiate de Valcourt : Canton de Valcourt, Maricourt, Kingsbury, Bonsecours, Richmond, etc. «Mon profil type d’employé, c’est quelqu’un qui a complété un diplôme d’études professionnelles (DEP) en dessin industriel ou en dessin mécanique», précise Paul Purcell.
Pour trouver la perle rare, il a même embauché du personnel de la Tunisie. Par le biais d’une firme en ressources humaines spécialisée dans les dossiers d’immigration.
Le PDG souligne à quel point l’équipe est au cœur du succès de l’entreprise.
«J’aime mes employés. Pour moi, ce sont quasiment comme des frères et sœurs. Il y en a même un que j’appelle «fiston», même si je n’ai aucun lien de parenté.»

Des personnes qui, comme lui, ont un haut degré d’engagement.
«Comme on dirait au hockey : nous avons une belle structure d’équipe. J’ai la chance de compter sur des employés extraordinaires qui s’impliquent dans l’entreprise. Ils ont de l’initiative et ont le goût d’améliorer les processus. C’est la passion qui mène tout le monde ici», souligne-t-il.

Catalogues de pièces à partir de la modélisation 3D
Encore aujourd’hui, les catalogues de pièces, dont ceux de BRP, font partie des principales réalisations de l’entreprise. «Nous entrons en scène une fois qu’un produit sort de la ligne d’assemblage et est vendu sur le marché. Si quelqu’un a besoin d’une pièce de remplacement ou souhaite personnaliser son véhicule, ces catalogues contiennent tout.»
Pour ce faire, l’ensemble d’un véhicule est modélisé en 3D.
«Nous créons ce qu’on appelle dans notre jargon un «jumeau numérique». C’est-à-dire une maquette virtuelle d’un véhicule au complet. Ce qui permet ensuite de lister toutes ses pièces : boulons, amortisseurs, sièges, colonnes de direction, etc.»
Chaque année, Events Work produit ainsi environ 5000 images.

«Jumeau numérique» du parc Jacques-Cartier à Sherbrooke
Paul Purcell explique que la pandémie a permis à Events Work de diversifier son offre de service. À chaque fois que l’entreprise travaillait avec des organisateurs d’événements, elle en profitait pour utiliser un scanner laser LIDAR. «C’est comme un gallon à mesurer, mais qui mesure des millions de points à la seconde. Et qui vaut très cher», résume Paul Purcell.
De telle sorte que l’entreprise a réalisé des relevés de salles et de lieux aux quatre coins de la province : Gatineau, Jonquière, Québec, etc. Pour obtenir ensuite une modélisation, sur ordinateur, de chacun de ces endroits.

L’entrepreneur donne l’exemple de la Fête du Lac des Nations, à Sherbrooke, qui est l’un de ses clients.
«Nous avons créé un jumeau numérique de l’ensemble du parc Jacques-Cartier. Ce qui permet de naviguer dans une maquette 3D et d’y positionner tout le matériel nécessaire à l’événement : clôtures, chapiteaux, toilettes chimiques, etc.»
Des données non seulement utiles pour les organisateurs, mais aussi pour les services incendie ou les employés municipaux de la Ville de Sherbrooke.
Créer des concepts uniques au Québec
Events Work a aussi collaboré avec la Ville de Sherbrooke pour un projet en lien avec la revitalisation de son centre-ville : l’installation de haut-parleurs sur la rue Wellington. En vue de concevoir différentes ambiances urbaines.
«La particularité de ce concept, c’est qu’il s’agit d’une technologie sans fil. Ça ne s’était jamais fait avant au Québec. Tout le monde à qui j’en parlais me disait que ça n’allait pas fonctionner. Nous avons donc fait beaucoup de recherches pour être capable de trouver une technologie capable de supporter des températures allant jusqu’à -26 degrés Celcius.»

Repousser les limites et trouver des solutions novatrices font partie de l’ADN de l’entreprise. Paul Purcell donne un autre exemple. Celui d’une structure scénique, montée pour un événement à Sherbrooke.
«Cette scène ne contenait pas de poteau au centre, comme c’est le cas habituellement. Encore quelque chose que personne n’avait fait avant au Québec. Les pompiers ont dû fermer le site parce qu’ils disaient que ce n’était pas approuvé par la Régie du bâtiment. Un ingénieur est venu sur place pour faire un rapport. Et il en est ressorti que ce procédé fait en sorte que l’unité structurelle du chapiteau est plus solide grâce à ce que nous avons créé.»

Participation à des projets de recherche et développement
Events Work consacre aussi des efforts à des projets de recherche et de développement. En octobre 2024, l’entreprise a obtenu du financement du Conseil national de recherches du Canada. Qui pourrait, à terme, mener à breveter une technologie. «Ça nous a donné un bon coup de pouce», mentionne-t-il.
L’entreprise devrait aussi débuter sous peu une collaboration avec un chercheur de l’Université Laval dans le cadre d’un projet postdoctoral.
Rêve d’un espace multifonctionnel en région
Events Work est actuellement propriétaire d’un terrain commercial dans le parc industriel Germain-Bombardier du Canton de Valcourt. Sur lequel Paul Purcell imagine installer un jour des bureaux, un atelier et une salle multifonctionnelle. Une bâtisse destinée, entre autres, à de la préproduction artistique.
«Ce serait un espace polyvalent et multifonctionnel. Qui pourrait, par exemple, permettre à des artistes de tester leur matériel avant d’entamer une tournée.»
Paul Purcell précise qu’il ne s’agirait pas d’un lieu de diffusion culturel, comme peuvent l’être le Centre d’art de Richmond ou le Théâtre Granada à Sherbrooke. «Ce serait plutôt ce qu’on appelle une «boite noire». Et des lieux comme ceux-là, au Québec, sont rares.»
Pour le moment, ce projet colossal, de plusieurs millions de dollars, est sur la glace. Compte tenu de l’explosion des coûts depuis la pandémie.
Chemin avec des hauts et des bas
Quel regard porte Paul Purcell sur le chemin parcouru par Events Work depuis 10 ans?
«Je prendrais l’image d’un petit chemin de campagne. Qui était chaotique et cahoteux, comme certains de nos rangs dans la région. Un parcours avec des hauts et des bas. Mais tranquillement, le chemin commence à devenir droit et à s’asphalter.»
Il confie qu’il n’est pas toujours été facile d’être le principal cerveau de toute l’affaire. «Ça m’est arrivé d’être découragé et de verser une larme. Je suis une personne passionnée. À mon avis, les petits entrepreneurs comme moi en ont beaucoup sur les épaules.»
Le PDG dit toutefois avoir une grande confiance en l’avenir.
«Ce qui propulse mon énergie, ce n’est pas de devenir millionnaire. C’est de travailler sur des projets intéressants. Et quand je regarde en avant, il y a justement de beaux projets qui s’en viennent. C’est grisant. Je n’ai pas le goût de prendre ma retraite tout de suite!»
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2 commentaires
Diane St-Pierre
Témoignage vraiment inspirant, merci!
Dany Senay
Merci pour ce portrait vraiment unique! Autre fait important: Paul, ses employés et sa famille s’impliquent énormément auprès des écoles publiques locales! Cela fait plusieurs années qu’ils créent une scène de calibre professionnelle à l’église de Valcourt ou dans l’Odyssée, permettant la tenue de spectacles, de concerts et de galas étudiants qui n’ont rien à envier aux écoles en milieu urbain. C’est une expérience estimable pour nos jeunes et notre communauté. Merci infiniment: on est chanceux de vous avoir! Et c’est tellement bien de voir des entreprises s’impliquer dans nos écoles publiques locales.