Le Val-Ouest

Les gens derrière la stratégie d’électrification de BRP

Bombardier Produits Récréatifs (BRP) vient de produire ses toutes premières motoneiges électriques. Une action qui s’inscrit dans l’ambitieuse vision de l’entreprise : proposer un véhicule électrique dans toutes ses gammes de produits d’ici la fin de 2027. Un projet de 300 millions de dollars (2021-2027). Le coeur de cette stratégie mondiale se trouve à Valcourt. Qui sont les personnes qui y travaillent?

Robotisation et production de batteries

Audrey Laplante travaille chez BRP depuis 22 ans. Il y un an, lorsque l’entreprise a eu besoin d’une cheffe d’équipe à la production de batteries, elle a posé sa candidature. Elle dirige désormais une équipe qui compte une quinzaine de personnes.

La production de batteries exige une plus grande robotisation que sur les lignes d’assemblage qu’elle connaissait auparavant. « J’étais habituée à voir de la robotique, mais ce qui se trouve ici est plus avancé. Ce sont de nouvelles technologies.»

Cela s’explique, en partie, par la protection des travailleuses et travailleurs. «Certaines tâches doivent se faire avec une haute tension. En robotisant, on élimine les risques pour les humains. Mais ça prend quand même quelqu’un pour opérer le robot », explique-t-elle.

La production des batteries électriques (non illustrée) est davantage robotisée que la ligne de montage d’une motoneige à essence (ci-dessus). (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

« Choyée de vivre cette opportunité »

La cheffe d’équipe apprécie d’être à l’avant-garde de nouveaux produits. « Ça nous permet de travailler en proximité avec l’équipe d’ingénierie. Ce qui n’est pas possible dans une ligne d’assemblage où tout le développement est déjà fait. C’est beaucoup plus nourrissant. Bien que je ne sois pas ingénieure, on prend en considération mon opinion sur la faisabilité de la production. C’est pour moi une fierté de participer. Je me sens très choyée de vivre cette opportunité.»

Elle explique que ses coéquipières et coéquipiers doivent être des gens autonomes et polyvalents. « Nous pouvons avoir une façon de faire le matin et, en après-midi, nous devons parfois nous réajuster. Pour toutes sortes de raisons. Il faut être capable de se virer de bord très rapidement. »

Encore en mode « test »

Bien que l’entreprise ait assemblé et livré ses premières motoneiges électriques l’automne dernier, elle est encore en rodage. « Comme le dit Audrey, nous apprenons tous les jours. Nous sommes actuellement en mode “test” », confirme Mélanie Montplaisir, cheffe de service aux relations publiques mondiales chez BRP. À terme, l’entreprise vise la création d’une petite ligne de montage et d’assemblage des différentes composantes.

Mélanie Montplaisir explique que l’aventure a débuté vers 2017. « Nous sommes allés regarder ce qui se faisait ailleurs. Nous avons alors décidé de tout développer à l’interne pour se donner un avantage compétitif et concurrentiel. » Leur choix : une approche modulaire où certaines composantes, dont la batterie, peut s’utiliser dans plusieurs produits. «Lorsque nous produirons à grande échelle, nous deviendrons meilleurs », promet-elle.

L’équipe de la stratégie électrique de BRP à Valcourt pose fièrement devant les nouvelles motoneiges électriques fraîchement sorties de l’usine à l’automne 2023. (photo : Studio Vicky ©)

Recherche et développement à Valcourt

Toute la recherche et le développement autour de la stratégie électrique de BRP est réalisé à Valcourt au Centre de développement de véhicules électriques BRP. Une équipe d’environ 200 personnes se consacre au chargeur et au bloc-batterie, incluant l’intégration complète dans le véhicule. Ce qui a nécessité, au cours des dernières années, l’embauche d’une main-d’oeuvre possédant une expertise pointue dans le domaine.

À cette équipe s’ajoute une autre, basée à Gunskirchen, en Autriche, composée d’une centaine de personnes. L’équipe autrichienne développe l’onduleur et le moteur électrique Rotax.

La motoneige, « le dernier produit que tu voudrais électrifier »

Pascal Vincent est directeur de la stratégie de produit, motoneiges et motos électriques. Il avoue candidement que « techniquement, une motoneige, c’est le dernier produit que tu voudrais électrifier. » D’une part, à cause de la température. D’autre part, parce que ça prend beaucoup d’énergie pour faire bouger une motoneige dans la neige.

Alors pourquoi BRP a-t-elle offert ce produit électrique en premier? Parce que la demande commerciale pour ce type de véhicule est importante. « En faisant nos études, nous avons découvert qu’une forte majorité d’entités commerciales, comme par exemple les opérateurs de tours ainsi que les stations de ski de fond et de ski alpin, seraient preneurs de motoneiges électriques. » Une aubaine. « Nous n’avions pas besoin d’investir sur le plan marketing. Les clients demandaient déjà que nous développions ce produit. Nous sommes donc allés de l’avant. »

Pascal Vincent, directeur de la stratégie de produit, motoneiges et motos électriques, et Audrey Laplante, cheffe d’équipe à la production de batteries. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Motoneiges vendues exclusivement à des clients commerciaux

BRP a ainsi produit une motoneige électrique répondant aux besoins spécifiques de ces entreprises. Un véhicule dont l’autonomie est d’environ 50 kilomètres. Avec une recharge (240 volts) à 80 % en 90 minutes.

La demande est si forte que tous les véhicules produits à l’automne sont déjà vendus d’avance à ces clients commerciaux. Comme par exemple le Centre d’expérience BRP à Montebello, au Québec. Ou encore à Lapland Safaris, en Finlande. Une entreprise, axée sur le développement durable, qui se spécialise dans les excursions de motoneiges pour touristes.

« Les premières années, nous allons nous concentrer à répondre à cette demande, qui est très forte. Les motoneiges ont été conçues pour cet usage. Nous nous tenons au courant de ce que les clients veulent faire avec le véhicule pour nous assurer que la configuration corresponde à leurs besoins», expose Pascal Vincent.

Et la vente aux consommateurs?

Y aura-t-il éventuellement une motoneige électrique offerte aux consommateurs? Le directeur répond par l’affirmative. Il indique que le public-cible est tout autre que celui des produits à essence. « Il s’agit d’une clientèle plus jeune qui, souvent, possède déjà une auto électrique. Elle est intéressée par la technologie et possède un bon revenu familial. Ces clients vont acquérir une motoneige seulement parce qu’elle est électrique. »

Il concède toutefois que le véhicule actuel devra être amélioré avant sa mise en marché auprès du grand public. « Avec une autonomie de 50 kilomètres, je doute qu’il y ait beaucoup de clients intéressés », croit-il.

La nouvelle motoneige électrique Grand Touring de BRP. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Défis environnementaux

Le développement de la filière électrique, dans l’ensemble de l’industrie, pose actuellement d’importants défis environnementaux. Entre autres à cause de l’extraction minière du lithium. BRP n’y échappe pas, puisque sa technologie est basée sur le lithium-ion. « Bien que nous fabriquions nous-même nos batteries, nous n’avons pas le choix d’être un peu à la remorque des gros joueurs de l’industrie automobile. Lorsqu’ils auront développé une autre technologie, nous pourrons l’appliquer à nos produits », signale Pascal Vincent.

En contrepartie, Mélanie Montplaisir indique que l’entreprise s’engage, d’ici 2030, à ce que ses installations soient carboneutres et que, d’ici 2035, 50 % de ses unités vendues soient électriques. Elle vise aussi à atteindre le zéro déchet à l’enfouissement et à développer des moteurs à combustion qui émettent moins de CO2.

À venir : la moto électrique

Prochaine étape de la stratégie : la moto électrique. Offerte aux consommateurs vers le mois d’août 2024. Quelle sera son autonomie? « Ce n’est pas encore finalisé. Mais ce sera certainement plus de 50 kilomètres », assure Pascal Vincent. « L’énergie nécessaire pour faire avancer une moto sur la route est beaucoup moindre que pour une motoneige dans la neige. »

Le choix de Pascal Vincent est d’ailleurs déjà fait. Dès que cette moto sera en vente, il souhaite s’en procurer une. « Je vais venir travailler en moto électrique», assure-t-il avec conviction.

Deuxième étape de la stratégie de BRP : la moto électrique. Elle aussi développée à Valcourt. Cette moto devrait être offerte aux consommateurs à l’automne 2024. (source : Annuel de l’automobile)

« Je n’irais pas travailler à Montréal! »

Ce gestionnaire, originaire de Laval, s’est établi à Valcourt en 1990. « C’est l’entreprise qui m’a amené ici et j’y habite depuis. J’y ai même rencontré ma conjointe. » Il s’enthousiasme devant de la qualité de la main-d’œuvre qui travaille à Valcourt : « C’est fou, tous les cerveaux qui travaillent ici. Nous ne sommes tout de même pas à Montréal, à Toronto ou à Dubai. »

Il ne regrette nullement son choix de s’être installé dans la région. « C’est une petite communauté. Il y a une bonne ambiance de travail et il n’y a pas de trafic. Je suis rendu chez moi en 15 minutes. Honnêtement, tu me paierais le double de mon salaire et je n’irais pas travailler à Montréal! »

 

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