photo : Sébastien Michon - Le Val-Ouest
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La coordonnatrice de la Table de concertation pour les aînés du Val-Saint-François, Joanne Gardner, a récemment tiré sa révérence pour prendre sa retraite. Laissant derrière elle un organisme plus que jamais au cœur des actions pour les personnes aînées dans le Val.

Au-delà de son poste de coordonnatrice, Joanne Gardner est entre autres connue du grand public pour le projet de calendrier des aînés. Un outil qui transmet des informations sur les ressources offertes. Tout en mettant chaque année en valeur les récits de vie de 12 aînés du Val. Des portraits intimes publiés à la suite d’entrevues réalisées par Joanne Gardner.

Cette fois, c’est elle qui se retrouve «devant le micro», à témoigner de sa propre vie.

Le calendrier des aînés du Val-Saint-François est l’un des projets phares de la Table.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Impliquée depuis longtemps auprès des aînés

L’histoire d’amour entre Joanne Gardner et les aînés date de loin. Enfant, elle voit son père impliqué dans la Société Saint-Vincent de Paul, à Montréal. Ainsi qu’auprès des aînés de son quartier.

Au cégep, elle offre des cours d’artisanat dans un CHSLD deux après-midis par semaine. Déjà à cette époque, elle s’intéresse aux aînés. «Je tripais à écouter des plus vieux raconter leurs histoires», dit-elle.

«J’ai toujours été attirée par la campagne»

Après ses études, elle décide de voyager en Europe, sac au dos. Elle rencontre là-bas un Québécois qui deviendra le père de ses enfants. Au retour, elle s’installe chez lui, à Saint-Camille, en Estrie.

«J’ai toujours été attirée par la campagne. Et ça se confirmait par mon voyage. J’avais juste hâte de sortir des grandes villes. En déménageant à Saint-Camille, j’avais l’impression de continuer mon voyage.»

Elle compare le dynamisme de Saint-Camille à celui de Racine. «C’est un village super dynamique. Où il y a plein de beaux projets.» Un coin de pays qui est encore le sien aujourd’hui.

Retour aux études et implication sociale

Fin trentaine, elle se sépare et devient mère monoparentale. «J’ai été obligée, à 36 ans, d’aller demander de l’aide sociale», dévoile-t-elle. Une situation de précarité qu’elle souhaite rapidement transformer.

Elle retourne alors aux études pour compléter un certificat universitaire en gérontologie. Dans le cadre de travaux scolaires, elle entre en contact avec un groupe de personnes de son village qui souhaite acheter le presbytère pour en faire un milieu de vie pour les aînés.

De fil en aiguille, elle s’implique activement dans ce qui deviendra d’abord La Corvée, une coopérative de solidarité en soins et services. Puis qui évoluera dans une deuxième entité, une coopérative d’habitation. «En l’espace de trois ou quatre mois, j’avais deux coopératives sous mon égide», raconte-t-elle.

Elle qui était auparavant une artisane à travailler ses œuvres dans son atelier se retrouve ainsi à l’avant-scène. En mettant sur pied un milieu de vie novateur pour les ainés. Et en propulsant divers projets qui ont eu des impacts significatifs pour sa communauté.

Une période qui a positivement marqué sa quarantaine. «C’est fou tout ce que j’ai appris et tout ce qu’on a fait. Ç’a été un tournant majeur pour moi.»

Joanne Gardner est l’une des fondatrices de la coopérative d’habitation La Corvée, à Saint-Camille.  (photo : gracieuseté)

Arrivée en poste dans le Val

Lorsqu’elle quitte La Corvée, Joanne Gardner devient travailleuse communautaire puis coordonnatrice pour les partenaires de la petite enfance de la MRC des Sources. Elle s’implique aussi comme personne ressource au Comité des usagers et résidents du CSSS des Sources.

Son travail lui offre des occasions de faire des liens avec certains organismes du Val-Saint-François. Tant et si bien qu’elle décide de soumettre sa candidature pour la Table de concertation pour les aînés.

Intérêt marqué pour les récits de vie

Joanne Gardner confie que le projet de calendrier des aînés a pesé dans la balance lorsqu’elle a fait ce choix professionnel. Elle qui, depuis des années, avait déjà commencé à mettre en valeur des récits de vie d’ainés. D’abord pour un travail de session universitaire. Et ensuite par le biais de chroniques publiées dans le journal communautaire local, Le Babillard de Saint-Camille. «Une fois par mois, je rencontrais les aînés les plus âgés de la municipalité. Qui me racontaient leurs histoires.»

Pour elle, ces récits offrent aux ainés une reconnaissance, en mettant de l’avant leur histoire de vie. Une opportunité, pour certains, de se partager pour la première fois.

«Des personnes me disaient : «tu me sors de ma zone de confort.» Parce qu’elles n’étaient pas habituées à parler d’elles-mêmes. Chaque fois, c’est extraordinaire ce qui ressort. Des larmes sortaient parfois. Parce que les gens pouvaient avoir vécu des drames ou des moments difficiles dans leur vie. Ça leur faisait du bien de pouvoir raconter ce qu’ils n’avaient parfois jamais partagé avant.»

Un projet qui a un grand impact non seulement auprès des personnes, mais aussi de leur famille.

«Il y a des proches qui me confiaient : «j’ai appris des choses sur mon père ou ma mère.» Je me rappelle un petit-fils qui m’avait dit qu’il avait découvert sa grand-mère et ne la voyait plus du même oeil.»

Force est de constater que cet outil de communication, distribué gratuitement aux aînés du Val, est devenu un incontournable. «Il est rendu populaire. Nous n’avons pas de difficulté à l’écouler», mentionne-t-elle.

«Elle a insufflé un renouveau au sein de la Table»

Bien qu’elle n’ait été en poste que trois ans, Joanne Gardner a profondément laissé sa marque dans le Val.

Claudia Belzile, directrice générale du Centre d’action bénévole Valcourt et région, siège au conseil d’administration de la Table. Elle souligne le talent naturel de Joanne Gardner pour rassembler les gens.

«Dès son arrivée à la Table, elle a su mettre les membres en confiance et créer un climat propice à la collaboration, dans un contexte social où il était difficile de mobiliser les gens. Après plusieurs années marquées par la pandémie, elle a su redonner vie aux projets phares de la Table, tels que le bottin-calendrier et les activités de la Semaine nationale des personnes proches aidantes. Grâce à son dynamisme, elle a insufflé un renouveau au sein de la Table. Nous lui en sommes reconnaissants, car elle laisse derrière elle une organisation forte et solidaire.»

Le conseil d’administration de la Table, avant le départ de Joanne Gardner. De gauche à droite : Joanne Gardner, Francine Carrier, Alice Weare, Claudia Belzile, Joan Tuck et Sonia Trépanier (nouvelle coordonnatrice).  (crédit : page FB de la Table)

La directrice du CAB en profite pour marquer sa confiance vis-à-vis de la nouvelle coordonnatrice de la Table, Sonia Trépanier, arrivée en poste il y a peu. «Je n’aurais pu rêver de meilleure relève au poste de coordonnatrice de la Table. Je suis persuadée que Sonia Trépanier saura poursuivre l’excellent travail de Joanne à ce poste, avec la même énergie rassembleuse.»

La nouvelle coordonnatrice de la Table, Sonia Trépanier, en compagnie de Joanne Gardner.  (photo : bureau du député André Bachand)

Enthousiasme contagieux et dévouement exemplaire

Diego Scalzo, directeur de la Corporation de développement communautaire du Val-Saint-François, a croisé plus d’une fois Joanne Gardner sur son chemin depuis 25 ans. Il louage cette «grande dame».

«Joanne est une humaniste, curieuse, attentionnée et passionnée. Partout où elle est passée, elle a contribué à rendre les gens heureux. C’est une personne consciente de l’apport des aînés à la vitalité des communautés», souligne-t-il.

Diego Scalzo, directeur de la Corporation de développement communautaire du Val-Saint-François, collabore avec Joanne Gardner depuis 25 ans.  (crédit photo : CDC du Val-Saint-François)

Même son de cloche du côté du député de Richmond, André Bachand.

«Tout au long de son engagement, Mme Gardner s’est distinguée par sa chaleur humaine, son enthousiasme contagieux et son dévouement exemplaire au grand bénéfice du mieux-être des aînés de notre région. Son travail a laissé une empreinte profonde dans nos communautés.»

Joanne Gardner en compagnie du député André Bachand.  (photo : bureau du député André Bachand)

Une énergie positive et constructive

Sarah Touchette est directrice artistique de Culture aux aînés. Un organisme qui vise à améliorer le bien-être et la santé globale des personnes aînées par le biais des arts et de la culture. Elle souligne le fait que Joanne Gardner a fait évoluer la Table au cours des années.

«Joanne a su provoquer une belle unité autour de la cause des aînés du Val-Saint-François. Son énergie positive et constructive a été très inspirante pour nous, les membres de la Table. De nouveaux membres se sont joints à l’équipe pour rendre la concertation encore plus riche et diversifiée.»

Sarah Touchette la remercie pour sa grande humanité et générosité. Elle lui fait un clin d’œil en lien avec la salle de spectacle Le P’tit Bonheur de Saint-Camille, que Joanne Gardner aime tant. «Nous te souhaitons une belle retraite remplie de… p’tits bonheurs!», glisse-t-elle.

«Joanne a su provoquer une belle unité autour de la cause des aînés du Val-Saint-François», témoigne Sarah Touchette, directrice artistique de Culture aux aînés.  (crédit : Le vent dans les arts)

«Un pur bonheur de travailler avec elle»

Marie-Ève Cardin, organisatrice communautaire à la Direction de santé publique, ne tarit pas d’éloges pour l’ex-coordonnatrice.

«Ce fut un pur bonheur de travailler avec Joanne. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Très professionnelle, elle a le don de faire en sorte que tout se déroule dans le plaisir. Songée et créative, on peut compter sur elle pour qu’une initiative qui revient annuellement ne soit pas redondantes. Joanne a le chic de se renouveler constamment. Elle a toujours de nouvelles idées pour faire rocker les projets. Pas moyen de dormir au gas avec elle. Ce qui est exceptionnellement joannesque, c’est l’amour et la bienveillance qu’elle répand autour d’elle.»

Sébastien Champagne, travailleur de milieu auprès des aînés, appuie cette perception. «C’est la personne la plus dynamique, souriante et à l’écoute que j’ai connue dans mon travail. Elle a un talent pour regrouper quiconque autour d’une idée. C’est la «Nick Suzuki» des aînés dans le Val-Saint-François!»

Sébastien Champagne, travailleur de milieu auprès des aînés du Val-Saint-François.  (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

«Vieillir, ça peut être beau»

Que conserve Joanne Gardner de toutes ces années à côtoyer les ainés?

«J’ai constaté que vieillir, ça peut être beau. Contrairement à ce que les médias peuvent parfois véhiculer. C’est seulement une petite partie de la population aînée qui se retrouve malade et en perte d’autonomie. Il y en a tellement qui sont actifs, pratiquement jusqu’au bout.»

Et que lui souhaiter pour la suite?

«J’espère que je serai une petite vieille qui va tripper. Et faire plein de choses!»

 

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