Le Val-Ouest

Le Familiprix de Valcourt change de propriétaires

Des changements sont en cours à la plus petite des deux pharmacies de Valcourt. Les pharmaciens Martin Chaput-Tanguay, Marc-Étienne Cloutier, Marc-Antoine Fortin et David Rousseau ont racheté le Familiprix appartenant à Safia Kacimi. Ils en sont devenus propriétaires le 2 octobre dernier.

Safia Kacimi avait acquis le commerce en 2018 de la pharmacienne Nathalie Roy. Un an et demi plus tard, elle réalisait l’ampleur de la tâche. « Je travaillais six jours sur six, car nous sommes fermés le dimanche », mentionne-t-elle.

Pour alléger son travail, elle a donc cherché et trouvé le pharmacien Mac Pherson Anacreon pour s’associer avec elle. Celui-ci a quitté l’entreprise il y a environ un an. « Mac Pherson est déménagé et s’est acheté une pharmacie plus près de chez lui [à Magog]. Je le comprends et c’est correct. Nous nous sommes donc dissociés », expose-t-elle. La pharmacienne s’est donc à nouveau retrouvée seule propriétaire.

Elle explique que c’est principalement la rareté de pharmaciens qui explique sa décision de vendre la pharmacie de Valcourt. « C’est mission impossible de trouver un pharmacien à qui on peut confier les opérations sans se soucier », indique-t-elle. « Je suis mère de trois enfants et je veux aussi être là pour eux» , ajoute-t-elle. C’est donc à contrecoeur qu’elle s’est finalement résignée à vendre son entreprise. Elle reste toutefois propriétaire du bâtiment où se situe la pharmacie et le loue aux acheteurs. Elle conserve aussi sa pharmacie à Roxton Falls.

La pharmacienne n’a que de bons mots pour son ancien personnel. « C’est une équipe adorable. Vraiment. J’ai travaillé fort pour l’avoir. Ça me fait de la peine de la quitter », confie-t-elle.

À cause de la rareté de main-d’oeuvre dans le secteur de la pharmacie, Safia Kacimi a dû se résoudre à se départir de sa pharmacie de Valcourt. (crédit photo : Familiprix)

De nouveaux propriétaires

L’un des nouveaux copropriétaires, le pharmacien Martin Chaput-Tanguay, explique d’emblée que c’est sa première acquisition d’une pharmacie, alors que ses associés en possèdent d’autres. En plus du commerce de Valcourt, ses collègues Marc-Étienne Cloutier et Marc-Antoine Fortin gèrent une pharmacie à Chambly. Leur associé David Rousseau, impliqué lui aussi à Valcourt et Chambly, possède quant à lui deux autres pharmacies à Mansonville et à St-Alexandre-d’Iberville.

« Chacun apporte son expertise. En même temps, comme on est quatre pharmaciens, on s’assure d’avoir toujours la présence d’un des propriétaires sur place. Dans une pharmacie un peu plus petite, comme celle de Valcourt, on peut se permettre d’être un à la fois », précise Martin Chaput-Tanguay.

Touché par la rareté de main-d’oeuvre

Il se dit lui aussi conscient de la rareté de main-d’œuvre sur le marché du travail québécois. Dans ce secteur, ce sont entre autres les pharmaciens et les assistants techniques en pharmacie qui sont en demande. Le gouvernement du Québec fait d’ailleurs mieux connaître ce métier auprès des jeunes et des chercheurs d’emploi sur le site «Avenir en santé».

Bien que la pénurie affecte moins le commerce de Valcourt, le pharmacien aimerait obtenir le soutien de quelques employés supplémentaires pour certains quarts de travail. « Nous sommes biens entourés. L’équipe est là depuis un bout de temps. Ils savent comment ça fonctionne et tout va bien. Mais c’est sûr qu’un peu plus d’employés, ça ne nuirait pas. »

Le Familiprix de Valcourt change de main. Les pharmaciens Martin Chaput-Tanguay, Marc-Étienne Cloutier, Marc-Antoine Fortin et David Rousseau en sont les nouveaux propriétaires. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Sous la bannière d’une entreprise «100 % québécoise»

Au Québec, il est nécessaire d’être pharmacien pour détenir une pharmacie. Ces commerces sont toutefois lorgnés par des conglomérats qui ont commencé, depuis quelques années, à investir ce secteur. À titre d’exemple, Jean-Coutu appartient à Metro alors que Proxim et Uniprix ont été achetés par la compagnie américaine McKesson. Martin Chaput-Tanguay se dit ainsi fier d’être entré dans le giron de Familiprix parce que l’entreprise est « 100 % québécoise et appartient juste à des pharmaciens ».

Défis d’une localité sans médecin de famille

Malgré qu’il ne soit en poste que depuis une semaine, le pharmacien constate déjà que la clientèle l’interpelle pour des problématiques de santé. « Les médecins qui étaient à Valcourt ont pris leur retraite. Beaucoup de personnes sont laissées sans médecin de famille. Et on sait que c’est difficile de ravoir un médecin. Les patients veulent savoir quoi faire. Ce n’est pas toujours facile », convient-il.

C’est dans ce contexte que les quatre hommes veulent faire évoluer les services de leur nouvelle pharmacie. Ils souhaitent, entre autres, instaurer un service d’ « ordonnance collective ». Au Québec, les prescriptions sont des actes médicaux réservés aux médecins. Depuis 2003, on permet toutefois à un médecin de prescrire des « ordonnances collectives », c’est-à-dire des ordonnances qui peuvent être utilisés par d’autres professionnels de la santé, comme des pharmaciens et des infirmières.

« Avec les ordonnances collectives, il y a un médecin qui nous chapeaute et nous donne une marche à suivre. Si le patient répond à un certain nombre de critères et que le test est positif, on peut prescrire, au nom du médecin, un antibiotique, par exemple. Ça évite aux patients d’avoir à courir à l’urgence », résume Martin Chaput-Tanguay.

Fermeture le dimanche : aucun changement à venir

Bien que les deux pharmacies de Valcourt soient fermées le dimanche, le pharmacien ne prévoit pas une éventuelle ouverture ce jour-là. « Avec la pénurie de main-d’œuvre, les employés sont très contents d’avoir congé le dimanche. Ce n’est pas notre vision à court terme de changer ça. »

La pharmacienne au secours des animaux

La municipalité de 1805 habitants compte deux pharmacies : Uniprix Julie Binette ainsi que le Familiprix.

Rappelons que le Familiprix de Valcourt était la propriété de Nathalie Roy de 2004 à 2018. Mme Roy avait démarré sa pharmacie dans les locaux où se trouvait le commerce Outillage Valcourt, opéré par sa famille.

Radio-Canada rapportait que Nathalie Roy avait vendu son commerce pour prendre une pause et faire du bénévolat au refuge d’animaux Pet Connection à Lennoxville. Nathalie Roy exerce désormais au sein du GMF du Val-Saint-François. Elle dessert, à titre de pharmacienne, les zones de Valcourt, Richmond et Windsor.

Tel que mentionné ci-haut, Safia Kacimi est devenue par la suite seule propriétaire de la pharmacie de Valcourt avant de la revendre aux actuels copropriétaires.

Propriétaire de la pharmacie de Valcourt de 2004 à 2018, Nathalie Roy fait désormais du bénévolat dans un refuge pour animaux. Elle continue aussi d’exercer son métier de pharmacienne au sein du GMF du Val-Saint-François. (photo : Radio-Canada)

Uniprix de Valcourt : quatre accusations en 2020

Quant à la pharmacie Uniprix de Valcourt, elle est la propriété de Julie Binette. Un reportage de Radio-Canada, publié en 2020, informait que la pharmacienne avait plaidé coupable à quatre accusations portés contre elle par le conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens du Québec. On lui reprochait, entre autres, d’avoir servi de prête-nom à l’ex-pharmacien Jonathan-Yan Perreault lors de l’acquisition de sa pharmacie en 2012. De même, elle était accusée d’avoir reçu 139 000 $ d’un grossiste et de deux fabricants de médicaments génériques, de l’argent qui n’est pas lié à l’exercice de sa profession.

Julie Binette, propriétaire de la pharmacie Uniprix de Valcourt. (photo : Uniprix)

 

À LIRE AUSSI dans Le Val-Ouest :

J’ai perdu mon médecin de famille (chronique)

Santé : des citoyens posent leurs questions au CIUSSS de l’Estrie

Soirée en hommage au docteur Turcotte

 

Une nouvelle, un événement à faire paraître?

Ayez le réflexe VAL-OUEST

Lire aussi...