Le Val-Ouest

BRP célèbre ses 20 ans

En décembre dernier, Bombardier Produits Récréatifs (BRP) célébrait ses 20 ans d’existence. Quel est le bilan de cette entreprise qui est le principal moteur industriel de la région?

Départ du giron de Bombardier et création de BRP

À la suite des attentats du 11 septembre 2001, Bombardier éprouve des difficultés financières et doit se réorganiser. Sa stratégie : se départir de sa plus petite division, celle des produits récréatifs. En avril 2003, Bombardier réunit à l’aréna tous les employés de l’usine de Valcourt pour leur annoncer la nouvelle. C’est le choc. Autant pour le personnel que pour la communauté environnante. Qu’arrivera-t-il de l’usine de Valcourt, le plus important employeur de la région?

Débute alors une période d’incertitude qui se dissipe quelques mois plus tard, en décembre. On annonce que la division est rachetée au coût de 960 millions $ par trois investisseurs : la firme américaine Bain Capital (50 %), la famille Bombardier (35 %) et la Caisse de dépôt et de placement du Québec (15 %). Ceux-ci choisissent d’installer le siège social de l’entreprise à Valcourt, où tout avait commencé en 1942 avec le fondateur, Joseph-Armand Bombardier. L’usine de Valcourt reste aussi au cœur de l’entreprise, qui est alors nommée BRP.

Diversification des produits

Rapidement, BRP diversifie sa gamme de produits au-delà des motoneiges (Ski-Doo) et motomarines (Sea-Doo). On conçoit des véhicules tout-terrain, côte à côte, à trois roues ainsi que de nouveaux véhicules marins.

Une stratégie payante. Alors que Bombardier vendait ses produits dans 70 pays en 2003, BRP les vend aujourd’hui dans 3000 concessionnaires présents dans 130 pays.

Selon l’entreprise, un produit de sports motorisés sur trois vendu dans le monde porterait aujourd’hui le logo de BRP. Conséquence : les ventes sont passées, en 20 ans, de 2,4 millards à 10 millards de dollars canadiens.

« Tous les atouts pour réussir »

José Boisjoli est président et chef de direction de BRP depuis ses débuts. Il travaillait auparavant chez Bombardier. Dès le départ, il a l’intime conviction que l’entreprise possède tous les atouts pour réussir à se tailler une place de choix. Il est présent à l’aréna de Valcourt, en avril 2003, lorsque Bombardier annonce à ses employés la vente de sa division de véhicules récréatifs. « J’ai dit à tous les employés que c’était notre chance de prouver au monde que nous pouvions réussir en tant qu’entreprise autonome », rappelle-t-il.

En avril 2003, alors que Bombardier décide de vendre sa division de produits récréatifs, José Boisjoli déclare aux employés, réunis à l’aréna de Valcourt, que c’est leur chance « (…) de prouver au monde que nous pouvions réussir en tant qu’entreprise autonome ». (crédit photo : BRP)

2004 : 800 pertes d’emplois

BRP prend son envol, tout en faisant face à un certains nombres de défis. Moins d’un an après la création de l’entreprise, la direction annonce, en novembre 2004, que 800 travailleuses et travailleurs, dont 600 en Estrie, vont perdre leur emploi.

2005 : production de VTT au Mexique

L’année suivante, en 2005, BRP indique que, pour sauver sa division de motoneiges et motomarines, elle doit transférer sa production de VTT au Mexique. Une décision qui entraine la perte d’environ 300 emplois à Valcourt en 2007 et 2008. Certains employés questionnent alors sur la place publique les choix de leur employeur. Ce qui arrive rarement, malgré le fait que le personnel n’est pas syndiqué.

En novembre 2005, BRP fait le choix de transférer sa production de VTT au Mexique. Pour une rare fois, certains employés décident de publiquement remettre en question la décision de l’employeur. (photo : Bibliothèque et archives nationales du Québec – La Tribune, 3 novembre 2005)

2007 : arrivée du Spyder

En février 2007, BRP marque un grand coup avec la sortie d’un véhicule à trois roues : la Can-Am Spyder. Sa fabrication, réalisée à Valcourt, permet de sécuriser des emplois en Estrie.

L’arrivée sur le marché du Spyder, en 2007, marque un grand coup pour l’entreprise qui n’existe alors que depuis quatre ans. (photo : Wikipedia)

2008 : réduction de postes

En 2008, dans la foulée de la crise financière, l’entreprise doit réduire de 20 % sa production. Résultat : élimination de 550 postes administratifs, dont 200 à Valcourt, ainsi que la mise en pied temporaire de 430 autres employés de Valcourt.

2012 : transfert au Mexique et explosion

En 2012, on transfère cette fois l’assemblage des motomarines de Valcourt au Mexique. Ce qui touche alors 500 personnes : 325 employés de Valcourt et 125 employés de Sherbrooke.

La décision porte un coup important à l’un de ses sous-traitants, Camoplast, à Roxton Falls. Cette entreprise fabrique les coques et carrosseries des motomarines. Elle doit mettre à pied 360 travailleuses et travailleurs. Un an plus tard, Camoplast ferme ses portes pour être ensuite rouverte par l’équipe de direction sous le nom Roski Composites.

Toujours en 2012, en novembre, une explosion au centre de recherche à Valcourt fait deux blessés graves.

2013 : entrée à la bourse de Toronto

Le 29 mai 2013 marque un tournant pour BRP. Cette dernière fait son entrée à la bourse de Toronto. La société reste toutefois dirigée par la famille Beaudoin (45 %) et Bain Capital (32,6 %).

2015 : modernisations à Valcourt

En 2015, l’entreprise annonce qu’elle investit 118 M$ sur cinq ans pour moderniser ses installations de Valcourt. Dans le même élan, les employés apprennent que la plupart d’entre eux (60 %) verront leur salaire gelé pour une période de trois à cinq ans. Le personnel se dit tout de même soulagé, car on s’attendait à des mises à pied.

Depuis les investissements annoncés en 2015, l’usine de BRP à Valcourt compte désormais sur des installations modernes et en partie robotisées. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

2017 : siège social au Texas

En 2017, BRP établit un siège social à Plano, au Texas pour accélérer sa croissance sur le marché nord-américain. Une décision qui n’a aucun impact sur le siège social mondial, qui demeure à Valcourt. Une vingtaine d’employés du bureau de Sherbrooke sont toutefois touchés par cette décision.

2018 : entrée au NASDAQ

En 2018, deuxième grand bond : BRP débarque au NADASQ, la bourse de valeurs de New York. Le pari dépasse les prévisions les plus optimistes. Aujourd’hui, la valeur boursière de BRP dépasse désormais celle de Bombardier.

2021 : virage vers l’électrification

En 2021, BRP prend le virage vers l’électrification. Elle annonce alors qu’elle investit 300 millions de dollars d’ici la fin de 2027 pour proposer au moins un produit électrique dans chacune de ses gammes de produits. BRP veut même aller plus loin en se donnant l’ambitieux objectif que d’ici 2035, 50 % de ses produits vendus soient électriques.

Au cœur de cette stratégie : le Centre de développement de véhicules électriques à Valcourt (200 personnes) ainsi qu’un deuxième pôle à Gunskirchen, en Autriche (100 personnes).

Ressources humaines : un bilan positif

En 20 ans, BRP a triplé ses effectifs. En 2003, 7500 personnes, dans sept sites, travaillaient pour la division Produits récréatifs de Bombardier. BRP compte désormais 14 sites, répartis dans plusieurs pays, où on emploie 23 000 personnes.

Les installations de Valcourt ressortes gagnantes. Malgré l’abolition ou le transfert de certains postes, l’entreprise est passée de 3000 employés, en 2003, à 4000 personnes aujourd’hui. Dont 800 sont des ingénieurs rattachés au centre de recherche et de développement.

BRP peut se targuer d’un bilan positif quant à l’évolution de ses effectifs de Valcourt. En 20 ans, les installations valcourtoises sont passées de 3000 à 4000 personnes. (photo : Sébastien Michon – Le Val-Ouest)

Poursuite de 9,5 millions $

Au cours de la dernière année, BRP a fait face à quelques embûches. En septembre 2023, on apprenait que BRP est visée par une poursuite de 9,5 millions $. Les entreprises Electrical Components International (États-Unis) et Promark Electronics (Canada) estiment avoir été lésées dans le cadre de leurs relations d’affaires avec BRP.

Travailleurs d’origine mexicaine : constats d’infraction

À cela s’ajoute le dossier des travailleurs d’origine mexicaine. En février 2023, Radio-Canada met en lumière le fait que BRP ne leur offre pas le même traitement salarial qu’à ses employés québécois à son usine de Valcourt.

Après enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) émet 76 constats d’infraction en lien avec cette situation. En novembre, BRP plaide coupable à 41 de ces infractions.

La culture du « sang jaune »

Pour José Boisjoli, derrière ces 20 années de croissance, il y a avant tout des gens. « Des gens de cœur, ingénieux et passionnés. Prêts à relever les défis de notre industrie et à innover. Ils sont à la base de notre culture, celle que nous appelons « sang jaune », comme la couleur de la première motoneige de Joseph-Armand Bombardier. Je tiens à les remercier sincèrement. »

Dans le même élan, il exprime sa gratitude envers les concessionnaires et les clients. « Ils sont au cœur de tout ce que nous faisons et ce sont eux qui nous motivent à repousser toujours plus loin les limites de l’innovation. »

 

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