Coûts à la hausse, difficulté à recruter de la main-d’œuvre, hausses de taxes… Plusieurs raisons justifient que des municipalités songent à fusionner ensemble. C’est le cas de Maricourt et du Canton de Valcourt qui évaluent actuellement cette possibilité. La fusion municipale serait-elle la panacée pour économiser des sous et assurer une meilleure gestion?
«Je suis pour les fusions bien planifiées»
La fusion est dans l’air du temps. En ce moment, 26 municipalités québécoises songent à se regrouper, incluant Maricourt et le Canton de Valcourt.
La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, ne cache pas sa position sur cette question. «Je suis pour les fusions bien planifiées, parce que ça peut être très positif », a-t-elle déclaré en entrevue au journaliste Guillaume Roy, du Quotidien, dont l’article a été reproduit dans le Val-Ouest.

Fusionner pour économiser
Le contexte économique actuel rend cette option alléchante. C’est d’ailleurs la forte hausse des taxes municipales à Maricourt, en 2024, qui avait incité le Maricourtois Philippe Ferland à faire circuler une pétition demandant une fusion.
Sur les 479 habitants que compte Maricourt, environ 200 avaient signé le document. Ce qui a incité le conseil municipal à entamer des discussions avec la municipalité voisine du Canton de Valcourt. Qui ont résulté dans la présentation publique, le 20 mai dernier, d’une étude sur cette question.
«Avec les hausses de coûts, la tendance de fusions volontaires va probablement s’accélérer au cours des prochaines années. Les municipalités doivent prendre des décisions : soit elles fusionnent pour continuer à fournir des services, soit elles restent comme ça et elles arrêtent de fournir des services», a affirmé François Des Rosiers, professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval, au journaliste Guillaume Roy.
Outre les économies de coûts, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation offre des incitatifs attrayants aux municipalités qui décident de fusionner. Par exemple, si Maricourt et le Canton de Valcourt se regroupent, elles auraient droit à une subvention estimée à 594 213 $, versée sur trois ans. Dans le cadre du Programme d’aide financière au regroupement municipal.
Les municipalités du Val devraient-elles se regrouper?
La MRC du Val-Saint-François est composée de 18 municipalités de tailles relativement modestes. La plus populeuse est Windsor, avec 5417 habitants. Suivie par Saint-Denis-de-Brompton avec 5087 habitants. La plus petite étant Kingsbury, où résident 143 personnes.

Cela signifie-t-il que la plupart de ces municipalités devraient fusionner avec d’autres au cours des prochaines années? C’est possible. Mais des solutions existent.
Parmi les alternatives à la fusion : le regroupement de services. La ministre Laforest indique d’ailleurs que même si elle voit les fusions d’un bon œil, elle ne forcera pas les municipalités à se regrouper.
Le gouvernement souhaite par contre les obliger à s’entendre ensemble.
«Regrouper les services va devenir une obligation et l’on a des programmes de financement pour inciter les municipalités. Celles qui ne veulent pas faire partie du regroupement n’auront pas de subventions», a-t-elle mentionné au journaliste Guillaume Roy.
Des ententes qui existent déjà
Les municipalités du «Val-7» l’ont bien compris. Ce regroupement informel comprend Bonsecours, Canton de Valcourt, Lawrenceville, Maricourt, Sainte-Anne-de-la-Rochelle, Racine et Valcourt. Au cours des dernières années, certaines d’entre elles ont signé un certain nombre d’ententes intermunicipales visant à optimiser la prestation de services aux citoyens. Qui concernent les sports et loisirs, la régie des incendies et la sécurité civile.
Certaines municipalités décident aussi de s’entendre directement entre elles. C’est le cas du Canton de Valcourt avec ses voisines.
«Nous avons déjà eu une entente de trois ans avec Lawrenceville, Bonsecours et Sainte-Anne-de-la-Rochelle pour les travaux publics. Lawrenceville a choisi de poursuivre. Je pense qu’ils sont satisfaits et que ça va quand même assez bien», avait déclaré l’an dernier au Val-Ouest le maire du Canton de Valcourt, Patrice Desmarais.

«Ce n’est pas un mariage d’amour»
La situation actuelle n’est pas sans rappeler la vague de fusions municipales qu’a connu le Québec à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Rémy Trudel était alors ministre des Affaires municipales (1996-1998).
En entrevue l’an dernier avec le Val-Ouest, celui-ci avait été clair. Bien qu’il pilotait cette réorganisation il y a plus de 25 ans, il est aujourd’hui contre les fusions municipales. Surtout si ces regroupements sont seulement guidés par des raisons d’ordre économique.
«Demander une fusion par incapacité d’affronter les coûts, ce n’est pas un mariage d’amour. C’est une proposition de raison à défaut. Et c’est très dommage. Quand on fait ça, on fait disparaitre de la carte sociologique du Québec des entités qui ont existé depuis des décennies.»
Il explique que la logique qui prévalait à l’époque, pour les municipalités de 10 000 habitants et moins, était «d’unir des communautés». Rappelant que ce n’est pas parce que des citoyens habitent un même territoire géographique qu’ils forment pour autant une communauté.
Rémy Trudel pense qu’une telle solution ne réduirait pas nécessairement les coûts.
«Les services qu’ils sont incapables de payer actuellement, vont-ils disparaître en étant fusionné? Non. C’est vrai qu’il est difficile aujourd’hui d’affronter les coûts pour une municipalité de moins de 500 personnes. Mais quant à moi, ce n’est pas une raison suffisante pour dire : on va se saborder et faire disparaître une municipalité. C’est une richesse pour le territoire québécois.»
L’ancien ministre croit que compte tenu des responsabilités de plus en plus importantes confiées par le gouvernement aux municipalités, les MRC joueront elles aussi un rôle grandissant pour soutenir les collectivités.

Se regrouper et garder son identité
La ministre Laforest croit quant à elle qu’il est possible pour des municipalités qui décident de se regrouper de tout de même conserver leur identité.
«Il y a moyen de garder son identité s’il y a un équilibre. Si tous les projets vont à un seul endroit, les autres seront déçus. Il faut parfois oublier son ego pour faire avancer le bien commun», mentionne-t-elle au journal Le Quotidien.
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