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Le Marché Locavore a un impact important sur l’économie de Racine

Le Marché Locavore a un impact important sur l’économie de Racine. Au fil des ans, la municipalité de 1340 habitants a vu son secteur agroalimentaire prendre une place de plus en plus déterminante.

L’agroalimentaire, marque de commerce de Racine

« Le marché a tracé la voie au développement agroalimentaire de Racine. C’est dorénavant la marque de commerce qui nous différencie des autres municipalités. Et nous en sommes bien fiers », signale d’emblée Mario Côté, maire de Racine. « Dans la région du Val-Saint-François, nous sommes désormais connus pour être un bon endroit où démarrer une entreprise agroalimentaire. La clientèle est déjà là », ajoute-t-il.

De fait, selon le Répertoire agricole et agroalimentaire du Val-Saint-François, Racine est la municipalité qui compte le plus grand nombre d’entreprises de ce secteur. « Racine se démarque. C’est devenu un village attractif par rapport à l’agroalimentaire. Ça attire des entrepreneurs qui veulent en profiter », explique Véronique Gagnon, agente de développement agroalimentaire à la MRC du Val-Saint-François.

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Apparition de nouvelles entreprises

Depuis 15 ans, des entreprises locales ont vu leur développement s’accélérer alors que d’autres ont carrément choisi de s’installer à Racine. C’est le cas de la charcuterie artisanale Les Cochons tout ronds qui a déménagé son atelier de transformation des Îles-de-la-Madeleine à Racine, en 2014.

Le Marché Locavore a un impact important sur l’économie de Racine. On reconnait ici Patrick Mathey, maître charcutier et propriétaire des Cochons tout ronds. L’entreprise a choisi de déménager son atelier de transformation des Îles-de-la-Madeleine à Racine en 2014. (crédit photo : Les cochons tout ronds ©)

On n’a qu’à penser aussi à la Fromagerie Nouvelle-France, dont la copropriétaire, Marie-Chantal Houde, fait partie des pionnières du Marché. L’entreprise a choisi de produire et de vendre son fromage au coeur du village dans des installations modernes. Un investissement de 2,2 millions de dollars en 2021.

La Fromagerie Nouvelle-France, propriété de Marie-Chantal Houde et de son frère Jean-Paul, a choisi d’installer ses nouvelles installations au coeur du village en 2021. Un investissement de 2,2 millions de dollars. (crédit photo : Jean-Marc Brais, Le Val-Ouest ©)

En plus du Marché Locavore, la municipalité compte ainsi plusieurs entreprises du secteur agroalimentaire : la Boucherie Lamarche, la chocolaterie Les Douceurs de Lory, les cafés de Bouquets Gourmets, Sojà d’ici, la boulangerie Au cœur du pain, la ferme maraîchère Un Brin d’ail, la ferme Au blanc Marronnier, la ferme maraîchère Domaine Les Cèdres, la ferme bovine Élevage DK SEP et la savonnerie Nos Racines. Il devrait aussi y avoir sous peu l’ouverture d’une microbrasserie.

Une des trois destinations prisées du Val

Non seulement le Marché a-t-il soutenu le développement agroalimentaire de Racine, mais il en a aussi fait une des destinations touristiques les plus courues. Selon une étude financée par Tourisme Cantons de l’Est en 2021, le Marché Locavore est l’un des trois points d’intérêts du Val-Saint-François, avec le Musée de l’ingéniosité et le Moulin à laine d’Ulverton.

Soutien de l’agriculture locale

Jean-Claude Thibault, l’un des membres fondateurs du marché, indique que l’un des objectif était, dès le départ, « de sauvegarder la petite agriculture familiale pour qu’elle devienne autonome ».

Avant de démarrer le projet, les organisateurs ont pris le temps de bien choisir les entreprises qui vendraient leurs produits. « Nous avons visité et questionné plus de 42 personnes productrices locales. Nous avions des exigences quant à la qualité naturelle des produits et leur provenance vraiment locale », rapporte Jean-Claude Thibault. Au final, le comité retient 19 entreprises. « Elles ont fièrement accepté de cotiser leur part sociale de 200$, sans savoir si le risque leur rapporterait. L’histoire prouve aujourd’hui que ce “beau risque” en valait la chandelle puisque la grande majorité d’entre eux ont vu leurs affaires prospérer, leurs employés augmenter et leur clientèle s’agrandir significativement. »

Au départ, du septicisme

La ferme maraîchère Les Jardins Naturlutte en est un exemple. Sa propriétaire, Johanne Breton, a démarré son entreprise en même temps que le Marché Locavore. Lorsqu’on lui a parlé du projet, elle doutait du potentiel : «Je me disais : Racine? Mais c’est un tout petit village! Quel est le potentiel? ».

Jean-Claude Thibault rapporte que les bailleurs de fonds de l’époque éprouvaient, eux aussi, les mêmes craintes. « Il y avait beaucoup de scepticisme au départ, autant de la part des élus, des locaux et même de plusieurs fonctionnaires du MAPAQ. Notre enthousiasme et notre argumentaire ont vite confondu les plus réticents. Ce qui a renversé tout le monde, c’est la fameuse corvée collective, comme à l’ancienne, de construction du Marché. Les gens ont été émerveillés par le spectacle de la montée un peu magique des 20 kiosques, tout au long des six semaines de corvée. »

Ce qui a convaincu Johanne Breton d’embarquer dans l’aventure? Sa rencontre avec les organisateurs et organisatrices. « J’ai apprécié l’ouverture qui était là dès le départ. J’avais déjà de l’expérience et je savais ce que je cherchais comme dynamique dans un marché. J’ai compris que j’aimerais collaborer avec cette équipe. Et je n’ai jamais regretté mon choix. » Dès sa première présence à l’ouverture, elle réalise de meilleures ventes à Racine que celles qu’elle faisait auparavant à Sherbrooke.

Johanne Breton, des Jardins Naturlutte, a choisi de diversifier sa mise en marché en proposant, dès 2009, ses produits au Marché Locavore. (Crédit photo : Jardins Naturlutte ©)

Un départ en lion

Comment Johanne Breton explique-t-elle ce succès du marché? « La visée était juste et c’était bien organisé. On a eu la chance d’avoir une personne au sein du conseil d’administration qui a été de très bon conseil pour le marketing. Nous avons démarré en lion avec une publicité à la radio. Ce n’est pas nécessairement tous les marchés qui vont mettre ça en priorité. » De fait, Jean-Claude Thibault révèle que le Marché a choisi, dès sa première année, d’investir 10 % de son budget en publicité. « Ça a été très payant. Les gens étaient au courant qu’il y avait un nouveau marché et ils voulaient venir voir. C’est fou le nombre de personnes présentes à ce premier marché », rapporte Johanne Breton.

En plus de la promotion, les organisateurs ont misé sur la qualité des denrées offertes. «Nous nous sommes assurés d’offrir un choix de produits locaux diversifiés, répondant ainsi aux besoins d’une alimentation saine qui couvre à peu près tous les besoins d’une famille », expose Céline Garant, présidente actuelle du conseil d’administration (CA) de la Coopérative de solidarité agroalimentaire de Racine.

L’actuel conseil d’administration du Marché Locavore : (derrière) Laura Sharp, Jean Létourneau, Céline Garant, José Larouche et Bertrand Cloutier, (devant) Chantal Sauvé, Mathilde Tétreault et Dominique Brault (coordonnatrice). (crédit photo : Marché Locavore ©)

Respect des autres marchés

Les initiateurs du Marché Locavore ont aussi eu le souci de prendre en compte le Marché champêtre de Melbourne, qui existait depuis cinq ans. «Nous avons pris une entente avec le Marché de Melbourne, où quatre de nos personnes productrices étaient déjà installées. Ces entreprises ont accepté de doubler leur présence durant nos deux premières années pour ne pas « cannibaliser » la clientèle de Melbourne. Ça a bien fonctionné », rapporte Jean-Claude Thibault.

Une popularité qui perdure

Comment expliquer que le Marché Locavore soit toujours aussi populaire après 15 ans? « Je crois que la principale raison est l’atmosphère chaleureuse, conviviale du Marché, où les gens peuvent parler régulièrement aux personnes productrices. Plusieurs deviennent presque des ami·e·s. Et l’effort mis sur l’apport culturel local et artistique, sous forme d’artisanat de grande qualité, de musiciens·nes, de conférences et d’animations de tous genres est un ajout non négligeable dans l’offre globale », signale Céline Garant.

Pour Johanne Breton, les bénévoles y sont aussi pour quelque chose : « Nous avons des bénévoles d’exception, très qualifiés, qui se sont impliqués dès le début sur le CA. Il y aussi le fait qu’il y ait une implication conjointe des consommateurs et des producteurs. La combinaison des deux a été un facteur très positif pour le développement du marché ». La productrice s’est d’ailleurs elle-même impliquée de nombreuses années au sein du CA.

Les bénévoles sont au coeur du succès que connaît le Marché Locavore. On voit ici l’auteure Marie Laberge (à l’avant) en compagnie de France Dubreuil, Nicole Castonguay, Alain Dunberry et Lyne Leblanc. L’écrivaine a gracieusement offert des livres qui ont été tirés parmi les bénévoles. (crédit photo : Marché Locavore ©)

Des clients qui viennent pour consommer

Une autre clé du succès du Marché provient de sa clientèle. « Au Marché Locavore, la clientèle se déplace dans le but de consommer », résume Johanne Breton. Ce qui n’est pas le cas partout.

Une donnée confirmée par un sondage réalisé en 2022 auprès des consommateurs et consommatrices. « Plus de 47 % des répondants disent réaliser de 50 % à 75 % de leur épicerie au Marché chaque semaine », signale Céline Garant.

Même si l’achalandage du marché est actuellement moindre qu’avant la pandémie, Céline Garant explique que les chiffres d’affaires se maintiennent. «Selon un sondage auprès des personnes productrices et artisanes, on apprend que les ventes sont restées stables, voire même ont augmenté. Ce qui démontre que la clientèle qui nous visite, même si elle est moins nombreuse, a un panier plus garni. »

Impact économique sur les entreprises

L’apport du Marché Locavore est significatif pour Les Jardins Naturlutte. « Le Marché participe à consolider mon entreprise. Ça m’a permis de diversifier ma mise en marché de manière très solide. Avec la combinaison des paniers [vendus directement aux familles], je peux écouler mes produits à différents jours de la semaine », spécifie Johanne Breton.

L’impact économique se fait aussi sentir dans les commerces. « Les gens visitent désormais Racine même l’hiver, pour visiter nos autres boutiques. Malgré que le Marché soit fermé », rapporte Mario Côté.

Partenariats et collaborations

Selon la MRC, les marchés publics ont aussi une certaine influence sur la pérennité des entreprises. « Un marché, c’est un point de rassemblement où les producteurs peuvent échanger entre eux des connaissances. Ça peut même aboutir sur des partenariats ou des collaborations. Toutes les entreprises ont des défis à relever pour perdurer dans le temps. En créant des contacts entre eux, ils peuvent s’entraider et devenir plus résilients », indique Véronique Gagnon.

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Le Marché Locavore de Racine célèbre cette année ses 15 ans. Le Val-Ouest présente, au cours de l’été, des articles sur les impacts de ce marché pour la région. L’article « Le Marché Locavore a un impact important sur l’économie de Racine » fait partie de cette série.

 

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